Il était une fois un vieux couple heureux - Résumé ملخص أحداث القصة
Il était une fois un vieux couple heureux
Résumé
Chapitre 1 Un vieux couple dans
un village reculé
Le
vieux couple menait une vie au milieu des ruines hantées par les reptiles
et les animaux sauvages dans village montagneux au Sud du pays. Après
plusieurs périples au Nord et dans une partie de l'Europe, l'homme y avait élu
domicile. C'est un bon croyant et fin lettré qui possédait à Mazagan une
échoppe lui permettant de vivre à l'aise dans ce village reculé. Les deux vieux
vivaient en bons termes avec la nature hostile et les voisins. Et même s'ils
n'avaient pas d'enfants, ils n'éprouvaient aucune amertume.
Chapitre 2:
Un homme d'honneur
Le
Vieux reçut, du temps de la colonisation, un Mozhazni
venu chercher des résistants en fuite. Il le rabroua en lui signifiant
sèchement que les fuyards n'étaient pas au village, et en informa les concernés
qui continuèrent à vivre en toute quiétude. Après s'être délecté de
ce souvenir qui lui était cher, Bouchâib alla tendre un piège pour
attraper des lièvres. Le lendemain, il en rapporta deux et somma sa femme
d'offrir un peu de viande à une vieille voisine. Avant de dormir, il dit à
sa femme que le lendemain, deux bœufs seraient sacrifiés à la mosquée, et
lui parla d'un rêve qui hantait ses nuits.
Chapitre 3; Le rêve
lancinant
Cette
nuit-là, le sommeil du Vieux est troublé par le même rêve: il tombait du haut
d'un amandier qu'il grimpait. Le matin, il se rendit, en compagnie du
boucher et d'un vieillard vénérable, à "la Mosquée haute" où
régnait une ambiance de fête qui se déroulait dans un rituel mémorable.
Chapitre 4:
Le souvenir douloureux de l'occupation française
Le
Vieux décrivit la fête du sacrifice des deux bœufs à sa femme qui apprécia le
quartier de viande qu'il avait rapporté. En buvant le thé et en fumant, il se
rappela
l'histoire du Maroc sous l'occupation française et les circonstances qui l'avaientconduit
à s'installer définitivement dans le village: il avait fui les villes
meurtrières et misérables pour s'établir dans le giron des montagnes où
régnaient la quiétude et la sécurité. 1I y passait son temps à jardiner et
à planter des arbres fruitiers, entourant de grands soins les oiseaux qui
nichaient dans ses arbres et picotaient ses fruits. Il était devenu l'ami
des oiseaux; aussi les gens le prenaient-ils pour un saint ou un magicien. Tout
en mangeant les amandes grillées et en sirotant le thé, Bouchâib parla à sa
vieille épouse du passé colonial. Après, il s'endormit pour faire
la sieste; mais ne tarda pas à se réveiller en sursaut à cause du rêve qui
le persécutait. Il se remit à fumer et à boire le thé en contemplant la
montagne où la chasse du mouflon. Ils conversèrent un long moment des
rapports entre les bêtes et les hommes et de leur familiarité avec les
bêtes. La femme en vint à se désoler de l'absence de progéniture, mais son mari
la consola en lui citant les noms de prophètes et de rois qui
n'avaient pas d'enfants.
Chapitre 5: La modernité
envahissante
Les
deux vieux assistaient à la modernité envahissante qui gagnait du terrain
chaque jour. La première maison de béton, dont le propriétaire est un
Casablancais, apparut à proximité du cimetière, au lendemain de
l'indépendance. Des pistes furent aménagées et des voitures les sillonnèrent.
Les anciennes maisons se ruinaient graduellement, surtout celles qui
trônaient au sommet de la montagne. Des pompes d'eau firent irruption dans le
village; les bruits des radios déchirèrent le silence des lieux. Le Vieux
resta attaché à la tradition.
Chapitre 6: La mémoire
saccagée par les mercantilistes
La
modernité et la tradition cohabitaient bon gré mal gré. Les villageois
continuaient à cultiver leurs terres et à se rendre au souk hebdomadaire
en vue de s'approvisionner en produits modernes. Mais la femme
de Bouchâib rechignait toujours à aller à la minoterie installée dans
le village pour faire moudre ses céréales; elle utilisait toujours sa meule. Et
elle veillait pieusement à ses bijoux en argent qu'elle préférait à ceux en or.
Le couple déplora le pillage du patrimoine archéologique, des bijoux
ancestraux et des articles en bois porteurs d'histoire, par les
trafiquants de tous acabits qui les revendaient à des étrangers. Et le
Vieux n’oubliait de mettre sa femme en garde contre les camelots rapaces
qui rôdent dans les villages. Bouchâib et sa femme étaient
affligés par ces changements rapides qui annonçaient la ruine des valeurs
ancestrales: la dépravation des jeunes à cause de la ville, le culte de
l'argent, la rapacité qui mettait à mal les relations familiales et humaines,
l'irrespect des coutumes. Après cette conversation sur les temps ingrats,
Bouchaïb révéla à sa femme qu'il était en train d'écrire des poèmes.
Chapitre 7: Le
tremblement de terre entre explication scientifique et métaphysique
Un
jour, à la fin de l'été, après de bonnes récoltes, Bouchaib fumait alors que
sa femme préparait le tajine. Un chat roux et une mule avaient remplacé le
chat noir et l'âne morts depuis quelques temps. Le nouveau félin disparut vite
après avoir goûté à peine sa pitance. La nuit, le couple sentit un tremblement
de terre. Le lendemain les deux Vieux apprirent que la ville d'Agadir
avait été complètement détruite. Les habitants du village, pris de panique,
firent montre d'une grande piété. D'aucuns y virent un châtiment
divin, contrairement à Bouchaib qui expliqua scientifiquement
ce cataclysme naturel.
Après une longue attente, les paysans se réjouirent des pluies torrentielles qui
s'abattirent sur leur village. Ces paysans, qui peinaient beaucoup pour
subsister, préféraient rester dans leur terroir que d'aller chercher une
illusoire fortune dans les villes pestilentielles au Nord du pays, où les
parvenus sont arrogants et avares. Dans ces villes régnaient la pauvreté,
la mendicité et l'indifférence à l'égard du prochain.
Chapitre 8: L'Europe et
la ville corrompent les coeurs et les moeurs
Le
Vieux restait attaché à son village; il refusait catégoriquement de le quitter
pour s'installer dans les ghettos de la ville, à l'instar des jeunes
éblouis par la vie moderne. Ces derniers, ingrats à la terre qui les a nourris,
émigrent pour exercer de sots métiers dans des conditions déplorables. La
plupart de ceux qui ont émigré vers l'Europe ne sont pas mieux lotis: ils
vivotent dans l'humiliation. Leurs enfants, nés en terre d'exil sont
dépravés; ils ne respectent pas les vivants et profanent les tombes des
ancêtres.
Chapitre 9: L'histoire
du saint méconnu
L'hiver
était rude; les habitants du village restaient tapis dans leurs demeures. Le
couple conversa du nouveau fqih, jeune homme venu de l'institut de Taroudant
en remplacement de l'ancien maître d'école mis en retraite. Pendant
que la femme préparait, comme d'habitude, le tajine, le Vieux
écrivait l'histoire épique d'un saint méconnu, Il lut à voix haute un fragment
du poème qu'il avait composé. Son épouse le trouva fascinant.
Chapitre 10: Envolée
lyrique à propos de l'orange
Le
Vieux se réjouit de l'avènement de la verdure printanière après les averses
de l'hiver, ce qui permit au couple de manger des fruits et des légumes
frais. Un matin ensoleillé où les villageois étaient gais, Bouchaib sortit
son attirail d'écriture. En sirotant le thé à l'absinthe, il pensa aux
vieilles filles qui ne trouvaient pas de maris. Il conclut que le sort de
ces dernières est mieux que celui des femmes mariées, battues par leurs époux
et affaiblies par les multiples grossesses. Il continua l'écriture
quand sa femme, qui revenait de l'extérieur, lui apporta des oranges. Il
n'en mangea pas, étant occupé par l'inspiration. Mais lorsqu'il rédigea
plusieurs pages, il dégusta une orange en débitant un discours poétique
sur ce fruit. Après le repas, un plat de couscous aux navets, il parla à
sa femme du Mokaddem, un ancien trafiquant, Et s‘endormit.
Chapitre 11: Les
touristes
Le
Vieux continuait l'écriture de la vie du saint méconnu tout en initiant sa
femme aux mystères du monde. Le lendemain, un guide touristique vint le voir
pour louer son mulet: cinq touristes américains voulaient faire une randonnée
dans la montagne. L'un d'eux était un étudiant qui faisait
une recherche sur les coutumes de la région; les autres des
contestataires de la politique belliqueuse de leur pays. Bouchaïb invita les
visiteurs à prendre du thé, mais il refusa de louer sa monture. Pressés, le
guide et les touristes s'excusèrent et partirent.
Chapitre 12: L'écriture
Les
touristes partis, le Vieux descendit dans le jardin où il observa le chat aux
aguets pour attraper un oiseau. Après avoir préparé le thé, il se mit à écrire.
Au déjeuner, il informa sa femme de la visite du guide. Ce dernier ne
tarda pas à réapparaître pour lui dire qu'il n'avait pas trouvé de bêtes
de location: les villageois en avaient besoin pour leurs travaux
de champ.
Chapitre 13:
La circoncision
Deux
jours plus tard, Salem, un jeune Noir, vint inviter le Vieux à
la fête de circoncision des deux garçons de l'adjudant. Il se rendit à
la demeure de son hôte qui le reçut chaleureusement. La circoncision des
deux enfants effrayés a terminée, les invités conversèrent autour de ce
rite. Après ils allèrent manger du couscous aux tripes, et partirent.
Chapitre 14: Le
transistor japonais
Le
Vieux vitupéra contre les riches qui s'étaient installés dans le village,
et condamne leurs vices, leur engouement pour la modernité fallacieuse et
leurs fortunes bâties grâce au vol. Sa colère s'apaisa à la vue
des amandiers fleuris. Ce matin-là de février, il alla à la minoterie
en vue de récupérer un colis. De retour chez lui, il y trouva, outre le thé et
le tabac que lui envoyait régulièrement chaque trimestre un ami résidant en
France, un transistor japonais et une robe française pour la Vieille.
Aussitôt, il se mit à écouter les paroles d'Ahwach. Son épouse apprécia
beaucoup ces chants berbères.
Chapitre 15: Les ennuis
d'Amzil
Le
Vieux fit venir Amzil pour qu'il ferre la meule. Le travail achevé, il invita
le maréchal-ferrant à prendre un verre de thé. Ce dernier lui conta
ses ennuis à cause de l'accouchement difficile de sa femme, et lui parla de la
bienfaisance de Haj Lahcène qui l'avait
aidé.
Chapitre 16:
la modernité a ruiné le maréchal-ferrant
Au
dîner, Bouchaib relata à sa femme la mésaventure d'Amzil et ne manqua pas de
parler de la générosité et la noblesse de Haj Lahcène. Il se désola à cause de
la ruine du maréchal-ferrant provoquée par l'industrie moderne et la
concurrence des produits étrangers que les gens se procuraient
volontiers. Avant de dormir, le Vieux écouta à la radio l'Ahwach.
Chapitre 17: L'attrait
de la modernité
Depuis
l'agrandissement du magasin du village, les gens n'allaient que rarement
au souk hebdomadaire; même le Vieux dérogeait à cette tradition. Ce jour-là, il
fut au magasin dans le but de faire des emplettes: il voulait se procurer
des objets modernes, dont un réchaud à gaz.
Chapitre 18: Le Vieux,
fidèle aux traditions
Lorsque
le patron du magasin lui conseilla de se procurer des engrais, Bouchaib
s'indigna et refusa net. Il acheta un cuissot de chevreau et des plants
puis revint chez lui. Après avoir planté les herbes achetées au magasin,
il se remit à écrire l'histoire du saint, avec l'espoir qu'un jour
quelqu'un découvrirait le manuscrit et le publierait.
Chapitre 19: Écrire
contre l'oubli
Les
propriétaires vendirent leur troupeau de chèvres et de brebis; ils n'en
voulaient plus. L’aïeule, doyenne de la région, refusait ce pendant de
quitter la demeure délabrée où elle végétait en compagnie de son
fils démuni. Le Vieux vouait un grand respect à cette vieille femme.
Il était affligé à l'idée qu'après la mort de la doyenne, le fils, renié
par ses frères, vende la demeure qui serait démolie. Bouchaib
déplora la vente du troupeau, dernier symbole de la région gagnée par une
modernité frénétique. Le troupeau lui rappelait l'Ancêtre venu
du Sahara pour s'installer dans la région. C'est pour préserver
ce patrimoine que le Vieux écrivait.
Chapitre 20: De beaux
poèmes
La
medersa, attenante à un sanctuaire, était dirigée par un jeune imam
lettré. Le Vieux, qui lui avait confié depuis quelques jours une partie de
son manuscrit, se rendit ce matin-là à l'école pour le voir. Ce dernier fit des
éloges enthousiasmés aux poèmes, et promit à l'auteur d'œuvrer pour
leur publication. De retour à la maison, sa femme lui fit savoir que
Hamad leur avait apporté deux perdreaux, et révéla son intention de faire
moudre son orge à la minoterie. Le Vieux lui donna raison en expliquant qu'il y
avait de bonnes et de mauvaises choses dans la modernité.
Chapitre 21: La
publication de l'oeuvre du Vieux
Au
grand étonnement de son épouse, le Vieux se réveilla au milieu de la nuit pour
s’émettre à écrire. Il la rassura en disant que l'écriture le
rajeunissait. Après quelques semaines de travail, il acheva son œuvre et
fut voir l'imam à
lamedersa. Ce dernier la fit calligraphier par l'un de ses disciples et garda à labibliothèque
la belle calligraphie dans l'espoir qu'un mécène veuille l'imprimer.
Un mois plus tard, un professeur à l'institut de Taroudant ouvrit une
souscription, et le livre vit le jour. Mais bien que les medias aient
ignoré cette œuvre, un chantre manifesta son désir de mettre l'histoire en chanson. Le Vieux refusa; mais sur insistance
de l'éditeur et de l'imam, il finit par accepter cette offre. Ainsi,
l'auteur gagna de l'argent dont il
offrit une partie à l'imam pour la réfection de la
medersa.
Chapitre 22: Diffusion
audiovisuelle des poèmes
Le Vieux accepta la diffusion audiovisuelle de son livre, car de la sorte les
analphabètes y auraient accès. Cependant, il préférait des lecteurs
lettrés capables d'apprécier la beauté de son œuvre. Sa femme fut contente
quand on le qualifia à la radio d'Agadir de grand poète. Bouchaib lui promit
d'acheter un lecteur de cassettes afin qu'elle puisse écouter ses poèmes
qui seraient enregistrés sur cassettes.
Chapitre 23: Le poème
Tislit Ouaman
Quelques
jours plus tard, le Vieux acheta au magasin un lecteur, des cassettes
de Haj Belaïd et une lampe à gaz. Lorsqu'il fut de retour à la maison, il
confia à son épouse son intention d'écrire un poème intitulé Tislit Ouaman. En
sa qualité de poète devin, il exprima sa crainte d'une imminente
sécheresse qui aurait des effets désastreux.
Chapitre 24: L'incendie
du verger
Un
jour, Bouchaib assista à l'incendie du verger d'Oumouh. Le lendemain, il apprit
qu'on avait trouvé dans le verger des canettes de bière et des mégots. Il était
sûr qu’Oumouh serait dédommagé par les parvenus dont les fils dépravés avaient
provoqué l'incendie. Le couple conversa longuement de la famille
dégénérée d'Oumouh, après quoi Bouchaib continua à écrire son poème en
fumant et en sirotant le thé.
Chapitre 25: La visite
de l'ami de France
Un
matin, Radwane, le vieil ami de France, vint après trente ans d'exil, rendre
visite au Vieux. Le visiteur dit qu'on parlait à Paris de son livre.
Il déplora les conditions de vie des émigrés dans l'Hexagone, notamment à
cause de la montée du fascisme et du racisme. Les deux hommes en vinrent à
parler de la modernité fallacieuse du village où règne la misère
et le culte de l'argent. Au moment où ils parlaient de l'âne et de la
mule, le Vieux et le visiteur entendirent un coup de feu. L'hôte expliqua
que c'était Hamad qui chassait les perdreaux. Dix minutes plus
tard, le braconnier apporta six oiseaux ensanglantés. Le déjeuner terminé,
Radwane dit au Vieux qu'il devait partir à Agadir où il avait
rendez-vous avec des personnes importantes: il comptait acheter une ferme d'agrumes et
installer une usine de production de jus d'orange. Après les salutations
d'usage, le visiteur partit et le Vieux s'endormit.
Chapitre 26:
La sécheresse
Cet
hiver-là, la saison s'annonçait mal à cause des pluies qui tardaient à venir.
C'était la sécheresse. Les bêtes crevaient de faim et de soif. Et bien que
les autorités aient décrété qu'on ne sacrifierait pas de moutons à
l'occasion de l'Aid El Kabir, certaines gens égorgèrent des ovins. Dans les
bidonvilles, éclata une émeute qui fut réprimée. C'est alors que l'État se
mit à construire des barrages. La vieille dit à son mari que ce qu’il
avait prédit dans son poème Tislit Ouaman se réalisa et elle lui demanda des
livres pour leur vieille voisine lettrée. Le Vieux apprit à sa femme à
faire fonctionner le magnétophone pour qu'elle puisse écouter ses poèmes
mis en chanson par un raïs. Dans ces poèmes, il parlait de l'amour, de la
beauté et de la nature. En buvant le thé, le Vieux contemplait la montagne
et réfléchissait aux changements que le temps apportait. Il se souvint de
Khoubbane qui lui apportait ses porte-plumes, ses crayons et ses
cahiers.
Chapitre 27: L'espoir
La
deuxième année de sécheresse était plus terrible, Les villages furent désertés
par les habitants. Cependant le Vieux ne s'inquiétait pas pour son village, Il stigmatisait
ceux qui émigrent pour s'entasser dans les ghettos des villes, et
les parvenus indifférents au sort des démunis. En dépit du
malheur, Bouchaib restait confiant dans l'avenir.
Chapitre 1 Un vieux couple dans
un village reculé
Le
vieux couple menait une vie au milieu des ruines hantées par les reptiles
et les animaux sauvages dans village montagneux au Sud du pays. Après
plusieurs périples au Nord et dans une partie de l'Europe, l'homme y avait élu
domicile. C'est un bon croyant et fin lettré qui possédait à Mazagan une
échoppe lui permettant de vivre à l'aise dans ce village reculé. Les deux vieux
vivaient en bons termes avec la nature hostile et les voisins. Et même s'ils
n'avaient pas d'enfants, ils n'éprouvaient aucune amertume.
Chapitre 2:
Un homme d'honneur
Le
Vieux reçut, du temps de la colonisation, un Mozhazni
venu chercher des résistants en fuite. Il le rabroua en lui signifiant
sèchement que les fuyards n'étaient pas au village, et en informa les concernés
qui continuèrent à vivre en toute quiétude. Après s'être délecté de
ce souvenir qui lui était cher, Bouchâib alla tendre un piège pour
attraper des lièvres. Le lendemain, il en rapporta deux et somma sa femme
d'offrir un peu de viande à une vieille voisine. Avant de dormir, il dit à
sa femme que le lendemain, deux bœufs seraient sacrifiés à la mosquée, et
lui parla d'un rêve qui hantait ses nuits.
Chapitre 3; Le rêve
lancinant
Cette
nuit-là, le sommeil du Vieux est troublé par le même rêve: il tombait du haut
d'un amandier qu'il grimpait. Le matin, il se rendit, en compagnie du
boucher et d'un vieillard vénérable, à "la Mosquée haute" où
régnait une ambiance de fête qui se déroulait dans un rituel mémorable.
Chapitre 4:
Le souvenir douloureux de l'occupation française
Le
Vieux décrivit la fête du sacrifice des deux bœufs à sa femme qui apprécia le
quartier de viande qu'il avait rapporté. En buvant le thé et en fumant, il se
rappela
l'histoire du Maroc sous l'occupation française et les circonstances qui l'avaientconduit
à s'installer définitivement dans le village: il avait fui les villes
meurtrières et misérables pour s'établir dans le giron des montagnes où
régnaient la quiétude et la sécurité. 1I y passait son temps à jardiner et
à planter des arbres fruitiers, entourant de grands soins les oiseaux qui
nichaient dans ses arbres et picotaient ses fruits. Il était devenu l'ami
des oiseaux; aussi les gens le prenaient-ils pour un saint ou un magicien. Tout
en mangeant les amandes grillées et en sirotant le thé, Bouchâib parla à sa
vieille épouse du passé colonial. Après, il s'endormit pour faire
la sieste; mais ne tarda pas à se réveiller en sursaut à cause du rêve qui
le persécutait. Il se remit à fumer et à boire le thé en contemplant la
montagne où la chasse du mouflon. Ils conversèrent un long moment des
rapports entre les bêtes et les hommes et de leur familiarité avec les
bêtes. La femme en vint à se désoler de l'absence de progéniture, mais son mari
la consola en lui citant les noms de prophètes et de rois qui
n'avaient pas d'enfants.
Chapitre 5: La modernité
envahissante
Les
deux vieux assistaient à la modernité envahissante qui gagnait du terrain
chaque jour. La première maison de béton, dont le propriétaire est un
Casablancais, apparut à proximité du cimetière, au lendemain de
l'indépendance. Des pistes furent aménagées et des voitures les sillonnèrent.
Les anciennes maisons se ruinaient graduellement, surtout celles qui
trônaient au sommet de la montagne. Des pompes d'eau firent irruption dans le
village; les bruits des radios déchirèrent le silence des lieux. Le Vieux
resta attaché à la tradition.
Chapitre 6: La mémoire
saccagée par les mercantilistes
La
modernité et la tradition cohabitaient bon gré mal gré. Les villageois
continuaient à cultiver leurs terres et à se rendre au souk hebdomadaire
en vue de s'approvisionner en produits modernes. Mais la femme
de Bouchâib rechignait toujours à aller à la minoterie installée dans
le village pour faire moudre ses céréales; elle utilisait toujours sa meule. Et
elle veillait pieusement à ses bijoux en argent qu'elle préférait à ceux en or.
Le couple déplora le pillage du patrimoine archéologique, des bijoux
ancestraux et des articles en bois porteurs d'histoire, par les
trafiquants de tous acabits qui les revendaient à des étrangers. Et le
Vieux n’oubliait de mettre sa femme en garde contre les camelots rapaces
qui rôdent dans les villages. Bouchâib et sa femme étaient
affligés par ces changements rapides qui annonçaient la ruine des valeurs
ancestrales: la dépravation des jeunes à cause de la ville, le culte de
l'argent, la rapacité qui mettait à mal les relations familiales et humaines,
l'irrespect des coutumes. Après cette conversation sur les temps ingrats,
Bouchaïb révéla à sa femme qu'il était en train d'écrire des poèmes.
Chapitre 7: Le
tremblement de terre entre explication scientifique et métaphysique
Un
jour, à la fin de l'été, après de bonnes récoltes, Bouchaib fumait alors que
sa femme préparait le tajine. Un chat roux et une mule avaient remplacé le
chat noir et l'âne morts depuis quelques temps. Le nouveau félin disparut vite
après avoir goûté à peine sa pitance. La nuit, le couple sentit un tremblement
de terre. Le lendemain les deux Vieux apprirent que la ville d'Agadir
avait été complètement détruite. Les habitants du village, pris de panique,
firent montre d'une grande piété. D'aucuns y virent un châtiment
divin, contrairement à Bouchaib qui expliqua scientifiquement
ce cataclysme naturel.
Après une longue attente, les paysans se réjouirent des pluies torrentielles qui
s'abattirent sur leur village. Ces paysans, qui peinaient beaucoup pour
subsister, préféraient rester dans leur terroir que d'aller chercher une
illusoire fortune dans les villes pestilentielles au Nord du pays, où les
parvenus sont arrogants et avares. Dans ces villes régnaient la pauvreté,
la mendicité et l'indifférence à l'égard du prochain.
Chapitre 8: L'Europe et
la ville corrompent les coeurs et les moeurs
Le
Vieux restait attaché à son village; il refusait catégoriquement de le quitter
pour s'installer dans les ghettos de la ville, à l'instar des jeunes
éblouis par la vie moderne. Ces derniers, ingrats à la terre qui les a nourris,
émigrent pour exercer de sots métiers dans des conditions déplorables. La
plupart de ceux qui ont émigré vers l'Europe ne sont pas mieux lotis: ils
vivotent dans l'humiliation. Leurs enfants, nés en terre d'exil sont
dépravés; ils ne respectent pas les vivants et profanent les tombes des
ancêtres.
Chapitre 9: L'histoire
du saint méconnu
L'hiver
était rude; les habitants du village restaient tapis dans leurs demeures. Le
couple conversa du nouveau fqih, jeune homme venu de l'institut de Taroudant
en remplacement de l'ancien maître d'école mis en retraite. Pendant
que la femme préparait, comme d'habitude, le tajine, le Vieux
écrivait l'histoire épique d'un saint méconnu, Il lut à voix haute un fragment
du poème qu'il avait composé. Son épouse le trouva fascinant.
Chapitre 10: Envolée
lyrique à propos de l'orange
Le
Vieux se réjouit de l'avènement de la verdure printanière après les averses
de l'hiver, ce qui permit au couple de manger des fruits et des légumes
frais. Un matin ensoleillé où les villageois étaient gais, Bouchaib sortit
son attirail d'écriture. En sirotant le thé à l'absinthe, il pensa aux
vieilles filles qui ne trouvaient pas de maris. Il conclut que le sort de
ces dernières est mieux que celui des femmes mariées, battues par leurs époux
et affaiblies par les multiples grossesses. Il continua l'écriture
quand sa femme, qui revenait de l'extérieur, lui apporta des oranges. Il
n'en mangea pas, étant occupé par l'inspiration. Mais lorsqu'il rédigea
plusieurs pages, il dégusta une orange en débitant un discours poétique
sur ce fruit. Après le repas, un plat de couscous aux navets, il parla à
sa femme du Mokaddem, un ancien trafiquant, Et s‘endormit.
Chapitre 11: Les
touristes
Le Vieux continuait l'écriture de la vie du saint méconnu tout en initiant sa femme aux mystères du monde. Le lendemain, un guide touristique vint le voir pour louer son mulet: cinq touristes américains voulaient faire une randonnée dans la montagne. L'un d'eux était un étudiant qui faisait une recherche sur les coutumes de la région; les autres des contestataires de la politique belliqueuse de leur pays. Bouchaïb invita les visiteurs à prendre du thé, mais il refusa de louer sa monture. Pressés, le guide et les touristes s'excusèrent et partirent.
Chapitre 12: L'écriture
Les
touristes partis, le Vieux descendit dans le jardin où il observa le chat aux
aguets pour attraper un oiseau. Après avoir préparé le thé, il se mit à écrire.
Au déjeuner, il informa sa femme de la visite du guide. Ce dernier ne
tarda pas à réapparaître pour lui dire qu'il n'avait pas trouvé de bêtes
de location: les villageois en avaient besoin pour leurs travaux
de champ.
Chapitre 13:
La circoncision
Deux
jours plus tard, Salem, un jeune Noir, vint inviter le Vieux à
la fête de circoncision des deux garçons de l'adjudant. Il se rendit à
la demeure de son hôte qui le reçut chaleureusement. La circoncision des
deux enfants effrayés a terminée, les invités conversèrent autour de ce
rite. Après ils allèrent manger du couscous aux tripes, et partirent.
Chapitre 14: Le
transistor japonais
Le
Vieux vitupéra contre les riches qui s'étaient installés dans le village,
et condamne leurs vices, leur engouement pour la modernité fallacieuse et
leurs fortunes bâties grâce au vol. Sa colère s'apaisa à la vue
des amandiers fleuris. Ce matin-là de février, il alla à la minoterie
en vue de récupérer un colis. De retour chez lui, il y trouva, outre le thé et
le tabac que lui envoyait régulièrement chaque trimestre un ami résidant en
France, un transistor japonais et une robe française pour la Vieille.
Aussitôt, il se mit à écouter les paroles d'Ahwach. Son épouse apprécia
beaucoup ces chants berbères.
Chapitre 15: Les ennuis
d'Amzil
Le
Vieux fit venir Amzil pour qu'il ferre la meule. Le travail achevé, il invita
le maréchal-ferrant à prendre un verre de thé. Ce dernier lui conta
ses ennuis à cause de l'accouchement difficile de sa femme, et lui parla de la
bienfaisance de Haj Lahcène qui l'avait
aidé.
Chapitre 16:
la modernité a ruiné le maréchal-ferrant
Au
dîner, Bouchaib relata à sa femme la mésaventure d'Amzil et ne manqua pas de
parler de la générosité et la noblesse de Haj Lahcène. Il se désola à cause de
la ruine du maréchal-ferrant provoquée par l'industrie moderne et la
concurrence des produits étrangers que les gens se procuraient
volontiers. Avant de dormir, le Vieux écouta à la radio l'Ahwach.
Chapitre 17: L'attrait
de la modernité
Depuis
l'agrandissement du magasin du village, les gens n'allaient que rarement
au souk hebdomadaire; même le Vieux dérogeait à cette tradition. Ce jour-là, il
fut au magasin dans le but de faire des emplettes: il voulait se procurer
des objets modernes, dont un réchaud à gaz.
Chapitre 18: Le Vieux,
fidèle aux traditions
Lorsque
le patron du magasin lui conseilla de se procurer des engrais, Bouchaib
s'indigna et refusa net. Il acheta un cuissot de chevreau et des plants
puis revint chez lui. Après avoir planté les herbes achetées au magasin,
il se remit à écrire l'histoire du saint, avec l'espoir qu'un jour
quelqu'un découvrirait le manuscrit et le publierait.
Chapitre 19: Écrire
contre l'oubli
Les
propriétaires vendirent leur troupeau de chèvres et de brebis; ils n'en
voulaient plus. L’aïeule, doyenne de la région, refusait ce pendant de
quitter la demeure délabrée où elle végétait en compagnie de son
fils démuni. Le Vieux vouait un grand respect à cette vieille femme.
Il était affligé à l'idée qu'après la mort de la doyenne, le fils, renié
par ses frères, vende la demeure qui serait démolie. Bouchaib
déplora la vente du troupeau, dernier symbole de la région gagnée par une
modernité frénétique. Le troupeau lui rappelait l'Ancêtre venu
du Sahara pour s'installer dans la région. C'est pour préserver
ce patrimoine que le Vieux écrivait.
Chapitre 20: De beaux
poèmes
La
medersa, attenante à un sanctuaire, était dirigée par un jeune imam
lettré. Le Vieux, qui lui avait confié depuis quelques jours une partie de
son manuscrit, se rendit ce matin-là à l'école pour le voir. Ce dernier fit des
éloges enthousiasmés aux poèmes, et promit à l'auteur d'œuvrer pour
leur publication. De retour à la maison, sa femme lui fit savoir que
Hamad leur avait apporté deux perdreaux, et révéla son intention de faire
moudre son orge à la minoterie. Le Vieux lui donna raison en expliquant qu'il y
avait de bonnes et de mauvaises choses dans la modernité.
Chapitre 21: La
publication de l'oeuvre du Vieux
Au
grand étonnement de son épouse, le Vieux se réveilla au milieu de la nuit pour
s’émettre à écrire. Il la rassura en disant que l'écriture le
rajeunissait. Après quelques semaines de travail, il acheva son œuvre et
fut voir l'imam à
lamedersa. Ce dernier la fit calligraphier par l'un de ses disciples et garda à labibliothèque
la belle calligraphie dans l'espoir qu'un mécène veuille l'imprimer.
Un mois plus tard, un professeur à l'institut de Taroudant ouvrit une
souscription, et le livre vit le jour. Mais bien que les medias aient
ignoré cette œuvre, un chantre manifesta son désir de mettre l'histoire en chanson. Le Vieux refusa; mais sur insistance
de l'éditeur et de l'imam, il finit par accepter cette offre. Ainsi,
l'auteur gagna de l'argent dont il
offrit une partie à l'imam pour la réfection de la
medersa.
Chapitre 22: Diffusion
audiovisuelle des poèmes
Le Vieux accepta la diffusion audiovisuelle de son livre, car de la sorte les
analphabètes y auraient accès. Cependant, il préférait des lecteurs
lettrés capables d'apprécier la beauté de son œuvre. Sa femme fut contente
quand on le qualifia à la radio d'Agadir de grand poète. Bouchaib lui promit
d'acheter un lecteur de cassettes afin qu'elle puisse écouter ses poèmes
qui seraient enregistrés sur cassettes.
Chapitre 23: Le poème
Tislit Ouaman
Quelques
jours plus tard, le Vieux acheta au magasin un lecteur, des cassettes
de Haj Belaïd et une lampe à gaz. Lorsqu'il fut de retour à la maison, il
confia à son épouse son intention d'écrire un poème intitulé Tislit Ouaman. En
sa qualité de poète devin, il exprima sa crainte d'une imminente
sécheresse qui aurait des effets désastreux.
Chapitre 24: L'incendie
du verger
Un
jour, Bouchaib assista à l'incendie du verger d'Oumouh. Le lendemain, il apprit
qu'on avait trouvé dans le verger des canettes de bière et des mégots. Il était
sûr qu’Oumouh serait dédommagé par les parvenus dont les fils dépravés avaient
provoqué l'incendie. Le couple conversa longuement de la famille
dégénérée d'Oumouh, après quoi Bouchaib continua à écrire son poème en
fumant et en sirotant le thé.
Chapitre 25: La visite
de l'ami de France
Un
matin, Radwane, le vieil ami de France, vint après trente ans d'exil, rendre
visite au Vieux. Le visiteur dit qu'on parlait à Paris de son livre.
Il déplora les conditions de vie des émigrés dans l'Hexagone, notamment à
cause de la montée du fascisme et du racisme. Les deux hommes en vinrent à
parler de la modernité fallacieuse du village où règne la misère
et le culte de l'argent. Au moment où ils parlaient de l'âne et de la
mule, le Vieux et le visiteur entendirent un coup de feu. L'hôte expliqua
que c'était Hamad qui chassait les perdreaux. Dix minutes plus
tard, le braconnier apporta six oiseaux ensanglantés. Le déjeuner terminé,
Radwane dit au Vieux qu'il devait partir à Agadir où il avait
rendez-vous avec des personnes importantes: il comptait acheter une ferme d'agrumes et
installer une usine de production de jus d'orange. Après les salutations
d'usage, le visiteur partit et le Vieux s'endormit.
Chapitre 26:
La sécheresse
Cet
hiver-là, la saison s'annonçait mal à cause des pluies qui tardaient à venir.
C'était la sécheresse. Les bêtes crevaient de faim et de soif. Et bien que
les autorités aient décrété qu'on ne sacrifierait pas de moutons à
l'occasion de l'Aid El Kabir, certaines gens égorgèrent des ovins. Dans les
bidonvilles, éclata une émeute qui fut réprimée. C'est alors que l'État se
mit à construire des barrages. La vieille dit à son mari que ce qu’il
avait prédit dans son poème Tislit Ouaman se réalisa et elle lui demanda des
livres pour leur vieille voisine lettrée. Le Vieux apprit à sa femme à
faire fonctionner le magnétophone pour qu'elle puisse écouter ses poèmes
mis en chanson par un raïs. Dans ces poèmes, il parlait de l'amour, de la
beauté et de la nature. En buvant le thé, le Vieux contemplait la montagne
et réfléchissait aux changements que le temps apportait. Il se souvint de
Khoubbane qui lui apportait ses porte-plumes, ses crayons et ses
cahiers.
Chapitre 27: L'espoir
La
deuxième année de sécheresse était plus terrible, Les villages furent désertés
par les habitants. Cependant le Vieux ne s'inquiétait pas pour son village, Il stigmatisait
ceux qui émigrent pour s'entasser dans les ghettos des villes, et
les parvenus indifférents au sort des démunis. En dépit du
malheur, Bouchaib restait confiant dans l'avenir.
شكرااا بزااف
RépondreSupprimerAllah ijazik bikhir
RépondreSupprimerالله ايجازيك بخير استاذ ا
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